Biographie

Bernard Duplessy est né à Marseille. Fils et petit-fils de « hussards noirs » occupés à instruire les « mangeurs de pois chiches », ces gens des collines rocheuses de l'Etoile et du Garlaban, si chers au Maître d'Aubagne, Marcel Pagnol, il se retrouva sous le signe de la Trilogie. D'elle et de Marseille, il suivit la tradition voyageuse : Tunisie, Guinée, Sénégal, Mauritanie, Algérie, Sahara, les Amériques furent ses escales avant de poser sac à terre. Tels les négociants du XVIIIe siècle aux Echelles du Levant, il acquit la passion de connaître l'autre, la curiosité de regarder derrière les grains de sable : avec la nostalgie des oiseaux de passage, il se forgea une âme.

A retourner en son pays rocailleux, il s'éprit de la voix des pierres, du murmure des générations lointaines. Il y rencontra Giono et sa planète-Comtadour, Magnan et sa planète-Lure, Raymond Jean et d'autres fils de ce Midi passionné. Il entra en cette folie dans sa planète-Provence : il la voulut large, du Rhône à l'Italie, de la mer à la Durance, dans vingt siècles d'Histoire. D'abord vinrent trois romans historiques, où défilèrent le XIVe siècle, la Peste Noire dans le Var et les saintes reliques de Saint Marcel pour s'en protéger, puis le Xe peuplé d'Andalous et de l'amour fou d'une chrétienne et d'un musulman dans la montagne des Maures, enfin l'épopée des femmes vaudoises martyrisées, privées d'hommes et qui s'en vont faire, au milieu du XVIe, un procès au Roi François Ier depuis le désert du Luberon.

Les hasards de l'édition et la volonté de Bernard Duplessy d'aborder le livre par tous ses aspects, le poussèrent à nouveau dans le Var qu'il connaît avec le c'ur : ce fut « Le Var des collines », gros ouvrage atypique où l'on parle de vie animale, de géologie, de cuisine, de poésie... L'auteur conta le vin dans « L'enfant des vignes ». Il revint dans « Marseille, défense d'une ville », en sa cité pour tenter de la faire comprendre malgré la logique d'apparence désordonnée de l'antique Phocée.

L'amitié, le goût du travail d'équipe, la gastronomie l'amenèrent avec Bruno de Lorgues, « l'empereur des truffes » à écrire « Bruno des collines » où s'unissent contes culinaires et recettes aux photos de Robert Callier. De retour dans Marseille, il fait les textes complices des images de Camille Moirenc pour « Marseille vue du ciel ». A nouveau en cuisine, c'est « Bruno des simples » avec Bruno, les photos délicieuses de Robert Callier : des contes pour les enfants et des recettes pour les régaler ainsi que leur grand-mère. Gourmand de nature, il écrit une « Cuisine traditionnelle en pays niçois » où il explique les mystères du pan bagnat, de la poutine ou de la socca. Puis, « Le livre de l'épeautre » dédié à cette céréale vénérable, préhistorique, en renaissance, pour le bonheur de nos assiettes, dans le pays du Ventoux. « Le livre de la truffe », cette « parcelle d'âme damnée » méprisée au moyen âge, adulée par rois, gastronomes et artistes au XIXe siècle comme « diamant noir », mais jamais oubliée par les paysans. « Le livre de la glace », où il conte la glace, le rêve des limonadiers, le cornet à la glace et les recettes, tel un roman : trois livres dédiés à l'art de vivre.

Toujours passionné de Midi, il a fait « Mas et bastides » pour entrer en ces rêves de pierre, pétris d'humanité, et tout en connaître, ou presque, du pigeonnier à la « pierre de tonnerre » et « Bruno des Truffes », avec Bruno Clément et les splendides photographies de J.C. Amiel, où l'on voit Bruno de Lorgues entrer en cuisine et devenir « le pape de la truffe ». Ensuite, c'est « Poteries et faïences de Provence », où se découvrent la daubière, son histoire, celle du pot à fraises ou du tian et l'art de vivre avec la faïence de Moustiers ou de la veuve Perrin à Marseille' Dans « Les goûteurs de Provence », il collabore à la confection d'un livre de promenades à la recherche de personnages, de paysages, de gourmandises hors du commun : un monde qu'aurait aimé Giono, dans une haute Provence flamboyante et sévère.

En 2007, avec « Les Savons de Marseille », il suit l'aventure industrielle d'un produit phare de la cité phocéenne, aventure qui continue et se développe. En même temps et en compagnie de Franck Rozet, photographe délicat, comme pour les « Savons », il examine les « Meubles de Provence ». Il les replace pièce après pièce, de la cuisine aux chambres, en leurs usages et dans la vie quotidienne des gens.

En 2008, c'est d'abord « Les deux épreuves », une aventure pour enfants en plein moyen âge, illustrée par les élèves de C.M.1 de l'école de Bouc-Bel-Air. En septembre, et avec Franck Rozet, c'est « L'art du santon en Provence », origine, fabrication, santonniers', une légende vivante.

Retour aux écoles de Mimet avec « Mimet, l'eau et la pierre », « le Géant de Mimet », une exploration de la nature. Puis, « La truffe de Provence et d'ailleurs », en compagnie de Franck Rozet, un plaisir rare et raffiné, une réflexion sur un champignon si mal connu et dont on parle tant ! Le tout en 2010.

Enfin, « Notre-Dame-des-Anges, une solitude dans l'Étoile , 1220-1795 », un vieux projet, fait renaître des ruines abandonnées, la vie d'ermites et de religieux passionnés.

Jusqu'en 2003, Bernard Duplessy est professeur d'Histoire et de Géographie dans un collège à Marignane. Il peut, au quotidien, y satisfaire son désir de communication avec les élèves qu'il tente d'initier aux richesses de leur patrimoine, comme il peut le faire avec les lecteurs de ses livres, de ses articles. Toujours dans les frontières de sa Provence où il est le frère des hommes d'hier et d'aujourd'hui. Il a passé ses dernières années à Mimet en tant que professeur émérite et a continué à écrire jusqu'à son décès.

Bernard nous a quitté le 3 avril 2018. Il est partit très vite et a laissé un grand vide derrière lui. Alors qu'il nous a laissé, il avait encore plusieurs projets d'écriture en cours.